À l’Ouest rien de nouveau (1979)
« Cette histoire ne constitue ni une accusation, ni une confession et moins encore une aventure. Parce que la mort n’est pas qu’une simple aventure pour ceux qui doivent la regarder en face. Il s’agit simplement de l’histoire d’une génération d’hommes qui bien qu’ayant pu échapper au massacre, n’en ont pas moins été anéantis par la guerre. »
Erich Maria Remarque
C’est par cette citation que commence le téléfilm À l’ouest rien de nouveau (1979), deuxième adaptation du roman éponyme de l’auteur cité ci-dessus. Roman pacifiste qui dépeint les atrocités de la première guerre mondiale à travers les yeux d’un jeune soldat allemand engagé volontaire dès le début des combats, à l’instar de l’auteur qui lui, sera mobilisé en juin 1917. Réel plaidoyer pacifiste, le roman sera brûlé durant l’autodafé Nazi et Remarque s’exilera en Suisse puis aux États Unis où il sera déchu de sa nationalité allemande.

Le téléfilm, plutôt fidèle à l’œuvre originale nous raconte donc l’histoire de Paul Bäumer, 18 ans et de ses anciens camarades de classes engagés volontaires au début de la guerre, à peine leur diplôme en poche. Endoctrinés dès l’école par leur maître afin que le corps et l’esprit soit au service de la patrie c’est bien toute la classe qui s’engage sous le drapeau allemand. Passés d’amis d’écoles à frères d’armes, ces hommes viennent tous de milieux différents, ce qui nous invite assez rapidement à comprendre qu’ils n’ont rien à foutre là, dans une tranchée sans trop savoir pourquoi.

Bruit infernal à en devenir fou, absurdité des combats, assauts contre des murs entier de fusils, attaques au gaz, rats mangeurs de cadavres, malbouffe;
À l’ouest rien de nouveau nous montre un spectacle assourdissant de violence où les hommes se transforment en bêtes, où l’instinct de survie l’emporte sur la raison, où la mort qui vous emporte n’est finalement qu’une question de « chance ».
Au départ nostalgique de l’arrière (terme signifiant la maison, l’arrière du front), les soldats vont finalement préférer rester se battre avec leurs frères d’armes plutôt que d’entendre les inepties de ceux qui n’ont pas connu la réalité de la guerre.

La chronologie de la guerre et les années qui passent est retranscrite au gré des changements d’uniformes, de l’encrassement du matériel, aux pertes autour de Paul Bäumer et de l’âge de plus en plus bas des nouvelles recrues
qui réalimentent le charnier.
Pour ce qui est de la réalisation, on est sur un film destiné à la télévision, donc le budget n’est pas top level et le réalisateur ne prend pas de risque, il ne faut pas s’attendre à des moyens de blockbuster ni à une qualité d’image de film d’auteur. Les effets spéciaux sont typiques de l’époque (1979) : explosions de farine, flammes à outrance et cascades exagérées. Mais cette adaptation est ce qu’elle est, une adaptation fidèle à l’histoire du Roman de Erich Maria Remarque avec une volonté, certes timide, de coller à la réalité morbide de la grande guerre.