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Mihassou

Bonjour Mihassou, peux te présenter, d’où tu viens, ton parcours, nous dire ce qui t’a mené à la musique ?

Hello ! Je m’appelle Simon et suis né en 1989 à Limoges, en France. Mon père est d’origine congolaise et ma mère française.

J’ai étudié le graphisme dès le lycée et ce jusqu’à l’obtention du DNAP option Design Graphique. Une fois le diplôme en poche, je suis parti voyager pendant 3 ans en Nouvelle-Zélande et en Australie, et après quelques mois à peine, je me suis fait cambrioler… Plus d’ordinateur, plus d’appareil photo, plus grand chose à part ma guitare. Tant pis, tant mieux; parce que c’est avec elle que j’ai passé le reste du voyage à jouer de la musique dans la rue. Au retour, je suis allé vivre aux Pays-Bas. Ça fait maintenant 2 ans que j’habite Bruxelles.

Ma première expérience dans la musique a été assez traumatisante… Petit je voulais faire de la guitare, alors mes parents m’ont inscrit à la MJC du coin. Le premier cours, la prof passait pour nous demander ce qu’on voulait apprendre comme instrument. J’étais dans les derniers et pendant qu’elle parlait, je voyais tous les petits se jeter sur les instruments (les meilleurs !)… C’était le chaos dans ma tête. Avant qu’arrive mon tour de répondre, elle a décidé de couper court : “ça suffit les enfants ! Allez on va commencer”. Ensuite elle a pris le dernier truc qui restait et me l’a tendu en disant cette jolie phrase : “désolée Simon mais il ne reste que ça. Tu vas jouer du triangle pour le moment”.

J’ai pleuré dans les bras de ma mère à la fin du cours. Elle m’a consolé et j’ai repensé au “tu vas jouer du triangle POUR LE MOMENT” de la prof. Ça m’a redonné l’espoir de pouvoir jouer de la guitare au cours suivant. Trois cours plus tard j’étais encore au triangle, alors j’ai vraiment arrêté. Quelques années après, mon père a récupéré une vieille guitare à trois cordes sur laquelle il improvisait des morceaux en bougeant ses doigts dans tous les sens et moi j’essayais de copier ce qu’il faisait. Il m’a d’ailleurs beaucoup inspiré et m’inspire toujours avec sa façon très singulière et sans complexe d’aborder les choses, qu’il les maîtrise ou pas.

J’ai également eu une guitare électronique (un jouet commandé au Père Noël qui est encore chez mes parents et que j’utilise parfois pour créer des sons) avec des bruits pré-enregistrés dessus et une enceinte. Elle me plaisait bien malgré les fils de fer en guise de cordes qui faisaient super mal aux doigts. Mais c’est vraiment vers 15 ans, quand j’ai eu une vraie guitare électrique, que tout a commencé. Cette guitare est ici avec moi. Elle se prénomme “Iris”, comme mon chat malheureusement porté disparu… Elle, est toujours là, par contre comme lui ; c’est la première et l’unique.

 

 

Quelles sont tes influences, en termes d’artistes, de références, de cultures ou autres ?

Je suis assez curieux de nature et entre les documentaires animaliers et l’émission “How It’s Made”, je suis comblé.

Sinon, j’affectionne le travail du collectif Jodi, celui de mes amis du collectif Quinzequinze, Raphaël Grossot, des artistes comme Paul Maheke (qui n’est autre que mon frère !), Faig Ahmed, Peter Vogel, Emilija Škarnulyt, Corinne Mercadier ou de la danseuse Akarova… ah et aussi “Les raboteurs de parquet” de Caillebotte !

En ce qui concerne la musique, il y a Mamman Sani, Moondog, Robert Wyatt, Black Sabbath, Philip Glass, Midori Takada, Brigitte Fontaine, Rodion Ga, Cluster, R. Stevie Moore, Wesley Willis, Georgie Joe, Alain Peters, Kasai Allstars, pour en citer quelques un.e.s.

Qu’exprime ta musique ? Est-ce purement expérimental, souhaites-tu lui donner un sens, un message particulier ? Ou bien est-ce un long ego-trip ?

Je suis assez sensible et absorbe toutes les énergies des gens, comme “Cell” de Dragon Ball Z (bon, dans mon cas, ça ne rend pas forcément plus fort) mais j’ai souvent du mal à exprimer mes sentiments. On dit que les chats ronronnent pour se rassurer, quand ils sont contents, stressés ou autres, eh bien moi je fais de la musique. Ça devient d’ailleurs de plus en plus un besoin vital pour relâcher la pression.

Je n’ai aucune envie de plaire ou d’imposer mes idées, même s’il y a surement une part d’ego-trip quand je parle de mes pensées, de ce qui me fait rire, de mes angoisses, envies, désirs, émotions… Mais vous remarquerez que ma voix est souvent modifiée, parfois au point de la rendre incompréhensible. Par contre, les textes sont toujours fournis avec la musique.

Il y a aussi beaucoup de mes textes qui parlent des autres (animaux et organismes vivants inclus) aux travers d’histoires fictives, de faux souvenirs ou de conversations inventées. C’est juste que je trouve assez étrange de parler à la place de quelqu’un d’autre.

Créativement, comment tu procèdes ?

De façon chaotique ! Je suis super distrait et me disperse assez facilement… Comme là, par exemple, je pense à plein d’autres trucs.

Des fois j’ai une idée précise en tête mais une fois les instruments en main, c’est fini : je zappe tout et c’est quelque chose de complètement différent qui en ressort. Ça peut être frustrant par moment mais ça permet aussi de moins se prendre la tête. En règle générale je branche mes bidules, bidouille un peu et puis les jeux sont faits; rien ne va plus ! Bon et en plus de ça, plusieurs de mes instruments (que j’ai par ailleurs tous achetés d’occasion) ne fonctionnent pas exactement comme ils le devraient. Alors du coup, force est de constater qu’il vaut mieux se laisser aller, être spontané et surtout jouer avec leurs erreurs; ainsi qu’avec les miennes.

Par contre, l’ordinateur est banni parce que c’est saoulant de devoir cliquer, d’aller dans les menus, les sous-menus, de chercher un truc pendant 1000000 ans avant même de pouvoir jouer. Avec les instruments physiques, tu sens et vois ce que tu fais, c’est plus naturel pour moi, plus rapide et puis je ne cherche pas à faire des trucs parfaitement calés.

Pendant longtemps, j’enregistrais sur Quick Time directement avec le micro de mon ordi, mais c’était assez limité et le son était horrible. Maintenant tout est enregistré sur un multipiste Tascam DP-32SD. Ça me permet de créer couche par couche et de tout gérer simultanément sur la machine.

Ah oui, j’aime bien jouer au réveil ou tard le soir car ce sont les moments où tu sors de tes rêves ou que tu y entres, tu te sens un peu dans un autre monde.

Tu crées également les visuels qui accompagnent tes sons, peux-tu nous en parler ?

C’est une chance de pouvoir voir, de percevoir, d’entendre, de sentir, de ressentir, de toucher… J’aime beaucoup jouer avec les couleurs, les formes, le mouvement, la lumière, etc. Travailler dans le graphisme ne m’intéresse plus vraiment, cependant ça reste toujours une passion et c’est moins culpabilisant de se dire que ces sept années d’études me servent à quelque chose…

La vidéo c’est un peu comme un four : tu y enfournes ton plat (la musique) et en fonction du temps de cuisson, tu te retrouves avec quelque chose de plus ou moins croustillant; moelleux ou fondant. Ça change ta perception de ce que tu as préparé et ça lui apporte d’autres saveurs !

Les visuels 2D, quant à eux, sont plus comme un réfrigérateur. C’est de la cryogénisation : ça immortalise.

Ton plat préféré ?

S’il fallait ne citer qu’une chose, ce serait les poires ; même si j’en mange peu en ce moment (ici elles sont super dures et peu juteuses) et que ce n’est pas un plat à proprement parler. Sinon, le Milhassou aux potirons (et oui c’est un plat qui vient de la Corrèze, comme ma mère !

Quelle est la fleur que tu aimes ?

La fleur de la passion mais je préfère les plantes, en particulier les cactus.

Tu es condamné sur une île déserte et tu ne peux emporter qu’un seul album, c’est lequel ?

Hum ! “Black Sabbath” de Black Sabbath est sûrement l’un des mes albums préférés, mais de n’écouter que ça sur une île déserte… peut être pas. Du coup, je dirais “Taaritt” de Mamman Sani mais je ne l’ai ni en vinyle, ni en CD, alors disons plutôt “The greatest hits” de The Space Lady.

Comment te verrais tu idéalement évoluer à moyen-long terme ?

Ça fait déjà pas mal de temps que je voulais faire de la musique de film. L’an dernier ce rêve s’est réalisé ouhou ! Le top serait de continuer dans cette voie et/ou de collaborer avec des gens sur différents projets artistiques, du genre installations ou performances. Après, c’est dur de s’imaginer dans un futur lointain. La vie nous dévoile toujours un tas de choses auxquelles on ne s’attend pas, alors je vais continuer de croire en mes rêves, tout en ouvrant mes yeux, mes oreilles, mon nez et ma bouche 😉

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