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Lucile Matter

Bonjour Lucile, peux-tu te présenter : d’où tu viens-tu, et comment tu en es venue au dessin et à l’illustration, plus largement quel est ton parcours ?

Hello, je viens de Metz et j’y vis toujours. On dit des Mosellans qu’ils sont accrochés à leur région comme des moules à leur rocher, il faut croire que c’est mon cas. Dès l’enfance, le dessin s’est présenté comme une activité à plein temps. Je passais la plupart de mon temps à gribouiller sur une feuille de papier. Très tôt, le dessin est devenu une passion et plus tard un projet d’avenir. À partir de 15 ans je me formais déjà au métier de créatif, et affirmais mes compé- tences dans les arts appliqués.

Après trois années en design graphique à Chaumont et diplômée de l’École Supérieure d’Art de Lorraine en 2012. Suite à différentes expérimentations et orientations créatives notamment en design graphique, l’illustration deviendra mon domaine de prédilection. En 2015 j’ai intégré un studio de création à Luxembourg, spécialisé en illustration, infographie et data-visualisation. C’est au sein de ce Studio que j’ai développé mon savoir-faire en illustration digitale, cette compétence me permettra d’affirmer un style graphique personnel et représentatif, à l’image de projets illustrés.

Désormais graphiste et illustratrice indépendante, je prends une plus grande liberté dans le choix des projets créatifs et expérimentations personnelles.

Qu’est-ce qui t’inspire, te fait vibrer graphiquement ? Des références artistiques, culturelles, pop, d’autres illustrateurs , des lieux, couleurs ou autres ?

Je suis souvent très inspirée par la culture cinématographique. J’implante souvent un décor, et j’illustre un lieu, je pense mes illustrations comme des scènes photographiques, je joue avec la lumière et le hors champs. Je suis sensible à la beauté des images que l’on peut retrouver au cinéma et j’essaye à travers ma pratique de recréer certaines ambiances qui me touchent lorsque je regarde un film, une série. Dernièrement j’ai regardé le film de Luca Guadagnino : Call me by your name, j’ai été saisie par l’esthétisme, les décors, et l’ambiance qui émanent de la réalisation. J’ai voulu dans ma série E vita retranscrire mes émotions et voyager dans les années 80 en Italie du nord.

Je m’inspire également de mes voyages ou de récit de voyages comme dans la revue Les Others et leur podcast : les Baladeurs. De par mes goûts pour le cinéma je suis sensible à l’illustration réaliste, voire hyper réaliste. J’ai eu un vrai coup de cœur pour l’illustrateur Benoit Auxpoix, en passant par le talentueux Tom Haugomat et le travail de Fago Studio à Nantes

En termes de processus de travail, qu’est-ce que tu préfères ? Peux-tu décrire ton procédé? Est-ce que tu as des astuces perso ? Quelle(s) leçons as-tu retenues en illustration / graphisme ?

J’ai une solide formation de designer graphique en plus d’être illustratrice. Alors je vais casser le mythe de l’illustrateur, mais je ne fais pas de croquis papier ou très peu. Lorsque je travaillais en agence, tout devait être exécuté très vite, et la phase croquis prenait souvent du temps. Spécialisée en illustration digitale, je m’arme de mon stylet et de ma tablette graphique = mon papier et mon crayon. J’ai des centaines de scènes d’inspirations et j’ai une idée souvent très claire du type/sujet d’illustration que je souhaite réaliser. Je m’aide de supports photographiques que je réalise souvent moi-même. Ensuite je choisis une gamme de couleurs (généralement 6 couleurs et leur dégradé) qui déterminera toute l’ambiance d’une série.

Est-ce que tu établis un relation entre ton contexte personnel : ta personne, l’endroit où tu habites, et les images que tu produis (en termes de couleurs, de formes de thématiques) ?

Oui complètement. Mes illustrations font écho à des inspirations et des envies créatives. Les illustrations fonctionnent comme un carnet de bord. Elles sont souvent le témoignage de ce que j’ai vécu (comme un voyage) ou une projection imagée. Parfois aussi elles répondent à des convictions plus profondes, comme ma série «Les déesses» qui parle d’empowerment et de féminisme. J’utilise des figures mythiques ou historiques qui m’inspirent. Il est vrai aussi que j’illustre exclusivement des femmes, si j’étais un homme ça serait peut-être différent. (ahah). On fait souvent référence à l’utilisation de la couleur dans mon travail, probablement une sensibilité à un esthétisme et une culture contemporains, je dirais même la mode et le lifestyle en général.

L’ensemble de tes dessins évoque une certaine ambiance, comment tu la décrirais ?

Le travail de la couleur joue un rôle important et créé un esthétisme assez singulier. Il n’y a pas de temporalité et une forme de beauté froide, voir presque figée, sûrement liée à ma passion pour les paysages nordiques. L’illustration est souvent détaillée mais l’espace est vide, probablement car je n’intègre pas ou peu l’humain dans mes narrations. J’imagine et recréé des espaces d’évasion, qui restent libres à l’interprétation. Un paysage fera souvent écho aux souvenirs de chacun.

Comment aimerais-tu te voir évoluer sur le long terme ?

L’évolution se fera probablement au fil de mes rencontres et collaborations. Mon rêve serait d’illustrer des récits de voyage, et pouvoir participer à des documentaires illustrés, comme la magnifique collaboration d’Alice Piciocchi et Andrea Angeli et leur très beau récit graphique Kiribati qui raconte l’histoire de cet archipel océanien qui risque de disparaître avec le réchauffement climatique. Mettre mes illustrations au service de belles et captivantes narrations, c’est ce à quoi j’aspire.

Peux-tu nous recommander un plat à goûter et une visite à faire ?

Oh là ! Comme la cuisine est ma seconde activité à plein temps, ça va être difficile de choisir !
Manger des linguine al limone (ail, l’huile d’olive, citron, parmesan, basilic) en Italie. À la maison c’est bien, mais en Italie c’est mieux. Et en référence à mes origines franc-comtoises (même si c’est un plat bourguignon) des œufs en meurette (œufs pochés, sauce au vin rouge, croûtons aillés, sans lard car je ne mange pas de viande) spécialité de ma grand-mère maternelle. Une visite à faire, l’Islande, et ses terres volcaniques, le pays du feu et de la glace. Et une petite deuxième en France car on voyage local en ce moment (et la planète nous dit merci), les Alpes, le lac bleu émeraude d’Annecy et ses montagnes.

N’hésitez pas à suivre le beau travail de Lucile sur son compte Instagram et son site !